01 Jun
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La médecine populaire, reléguée de nos jours aux yeux des sociétés dites modernes,  à une simple manifestation de superstitions et de croyances, jouit d’un intérêtet et  d'un statut important chez les plus traditionalistes. Qu'elle soit analogue à la magie sympathique pour les uns, assimilée à du charlatanisme pour certains, ou encore fiable alternative pour d’autres, elle demeure aujourd'hui, sujette à controverse.

 

Une profession ancestrale 

Le métier de la kouwaya (celle qui  marque par le feu), mentionné dans les chroniques  des explorateurs occidentaux du XIX siècle, est pratiqué encore de nos jours dans certaines régions où sphères socioculturelles de l’Algérie, notamment, dans l’espace oasien où  cette pratique draine encore beaucoup de malades qui n’hésitent pas à combiner médecine traditionnelle, et médecine moderne.

Edmond Douté la qualifia de « médecine indigène » et y fit mention dans son ouvrage consacré à l’Afrique du nord; ou il n’hésite pas à assimiler cette pratique à de la magie, comme pour en ôter le pouvoir curatif de cette pratique : « [ ] le médecin n’est à l’ origine qu’un contre-sorcier [ ] En fait, il est souvent Impossible de distinguer le rite magique du rite médical » souligne t-il. Douté fait observer son usage à guérir des troubles mentaux mais ne mentionne pas de témoignages relatant l’efficacité de cette pratique.Elle serait à l’instar de ces « pratiques généralement irrationnelles, issues de traditions ancestrales, s’opposant à la médecine savante et souvent assimilées à des superstitions »  selon la définition Eberhardt Wolff.

Non sans nier la caractéristique empirique de cette pratique qui relève aussi d’une dimension socio-anthropologique, psychologique et populaire, son usage  reste ancré aussi dans une réalité économique, et souvent ont y a recourt car l’accès aux soins modernes est limité, voire impossible.


Celle qui marque par le feu

El Kouwaya (celle qui marque par le feu), souvent une femme âgée est une guérisseuse qui jouit d’une grande notoriété et force le respect de ses compères. Elle use de moyens peu sophistiqués et élémentaires pour soigner diverses maladies. Elle opère de petites brulures à l’aide d'un bâtonnet qu’elle brule d’un coté. Ce bâtonnet est impérativement prélevé d’un arbuste des régions semi arides, appelé el-oudasfar (le bâtonnet  jaune)comme le précise el kouwaya du ksar Azguer-Lahmar au Gourara. Avec la dextérité  d’un guérisseur chinois qui pratique l’acuponcture, elle cible des zones à bruler, une désagréable mais non douloureuse sensation de picotement s’ensuit. La  kouwaya traite aussi les entorses et  tendinites avec des cataplasmes à  base de henné, d’œufs  et d’argile. 

Alors que le  métier de kouwaya tend à devenir désuet en Algérie, nous observons un intérêt croissant pour la médecine ancestrale de part le monde comme il le cas  pour la médecine chinoise, ainsi que le regain d’intérêt des cubains pour la médecine populaire et pharmacopée caribéenne depuis l’Embargo. 


Leila Assas 

 

Bibliographie :

 

  • Julie Perrin, « (Dé)classer la “médecine populaire” en Suisse: de la suspicion de charlatanisme à la reconnaissance patrimoniale », Anthropologie & Santé [En ligne]
  • Elisabeth Longuenesse. Santé, médecine et société dans le monde arabe, L’Harmattan, 15 p., 1995,
  • Image : fadma.be



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