30 Apr
30Apr

“Kateb, Issiakhem voyaient en elle une résurrection de la Kahina” disait Benamar Mediene. Native de Meskiana à Oum El Bouagui, en l’an 1949, Yamina Mechakra, psychiatre de formation et écrivaine passionnée signe un premier roman de jeunesse « Le Fils de qui ? », un roman qui n’a jamais été édité. Recueil identitaire, il répond aisément à la question, ô combien posée, qui suis-je ?

Elle est surtout connue des milieux littéraires avec ses deux romans, la Grotte éclatée paru en 1979, et Arris (1999)

 

La Grotte éclatée, un roman postcolonial 

Publié en 1979, et préfacé par Kated Yacine, qui l’affubla d’une citation devenue célèbre « À l’heure actuelle, dans notre pays, une femme qui écrit vaut son pesant de poudre » , la grotte éclatée est un texte hybride mêlant à souhait, la prose poétique, le récit de vie, le roman et l’autofiction. Le récit se construit autour de l’histoire funèbre d’une infirmière au maquis, qui porte en elle un enfant sans nom ni père. La jeune femme vit donc la double détresse d’être femme, et témoin d’une guerre atroce. Regroupant récits, témoignages et bribes de souvenirs, La grotte éclatée se trouve ainsi jalonné de dates clés, relatives à la guerre de libération (54-62); fixant ainsi avec précision, le cadre spatio-temporel.

 

« 5 Juillet 1962 [ ] 

Je dis ma foi en demain, clouée sur ma poitrine. 

Je dis ARRIS mon pays et ses moissons 

ARRIS mes ancêtres et mon honneur 

ARRIS mon amour et ma demeure ». 

 

Autre élément principal de lecture : la Montagne des Aurès, Arris. Personnage à part entière dans le roman, et que l’on retrouve dans son roman éponyme (99); Arris symbolise la matrice, la force matriarcale, à la fois fragile et immuable, tout en soulignant l’ancrage identitaire. Ce dernier porté et mis en exergue par l’introduction de l’intertextualité à travers des personnages historiques tel que Tacfarinas et Didon de Carthage. Nous retrouvons également une éloquente correspondance avec l’œuvre de Mouloud Mammeri en ces termes : « De la colline oubliée ont chanté les roseaux ». Un autre roman identitaire qui connut une réception critique mitigée et suscita une vive polémique lors de sa sortie en 1952, à l’aune des tensions politiques précédent la Guerre d’Indépendance.

 

Le roman la Grotte éclatée arrive dans un contexte de création marquée par deux éléments historiques majeurs : le FLN et l’avènement de l’islamisme, mettant de ce fait, l’accent sur les désillusions des femmes de se voir écartées de la scène politique. Du maquis à l’oubli, Mechakra dénonce ce prisme, et cette suprématie patriarcale du discours nationaliste.

Yamina Mechakra est katebienne pour certains, féministe pour d’autres, elle reste néanmoins une plume méconnue, oubliée de la grande scène littéraire.« Écrivaine effacée que l’on ne découvre que dans ses écrits. Sa production restreinte n’en est pas moins forte et marquante. Dans ses récits, le poète brille pour dire la blessure et la souffrance, l’amour et l’espérance. », Explique Afifa Bererhi, professeure en littérature française et comparée de l’Université Alger 2.

Leila Assas 

 

Bibliographie 

  • MECHAKRA, Yamina, La Grotte Eclatée, ENAG, 1979.
  • MOKHTARI, Rachid, Yamina Mechakra, Entretiens et lecture, Edition Chiheb, Alger 2015,
  • GUERROUMI Mervette, LA REPRESENTATION DE L’HISTOIRE ALGERIENNE AU FEMININ DANS L’OEUVRE DE YAMINA MECHAKRA LA GROTTE ECLATEE, Université de Saïda.
  • [Champ] Afifa Bererhi, Pensée pour Yamina Méchakra. Professeur en littérature française et comparée, Université Alger 2
  • NADJIA- LACETE -TIGZIRI .Relecture de La Colline oubliée de Mouloud Mameri, Juin 1998. UNIVERSITE PARIS XII







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