18 Apr

Atbat el dar, superstitions autour du seuil dans la culture algérienne  Les superstitions ponctuent nos quotidiens et révèlent un cheminement de pensée marqué par des croyances anciennes, originelles, en marge, voire enchevêtrées (deux contraires, je n’ai pas voulu reformuler pour ne pas dénaturer ton propos. Essaie de voir comment le faire) au fait religieux. De l’objet usuel, aux lieux et situations anodines, l’ordre du superstitieux et du surnaturel, dans notre culture nord-africaine, marqué par passages et brassages est riche en exemple en ce sens, comme l’atteste la symbolique liée au seuil, appelé « atbat el dar » qui est souvent franchi du pied droit et affublé d’augures. A reformuler. C'est trop long et compliqué  Augures, superstitions et fait sociétal Atbat el dar, sert à délimiter les espaces : le public et le privé. En assurant la fonction de filtre, le seuil appuie l’usage de la porte dans le bâti traditionnel. Le franchir revient à transgresser un espace codifié soumis à des règles d’usages; car il est à souligner, que les portes dans les sociétés traditionalistes algériennes demeurent et ce, jusqu’aujourd’hui ouvertes (dans certaines régions). D’ailleurs, on observe cette configuration encore de nos jours, dans les ksour, oasis et village de l’espace oasien qui sont encore préservés de l’urbanisation des grandes agglomérations. Nous livrons ainsi, d’illustres clés de lecture quant à la compréhension anthropologique liée aux bâtit. Mustapha Ameur Djeradi, dans son ouvrage consacré à l’architecture ksourienne* en Algérie, revient sur la dichotomie signes/signifiants du bâtit vernaculaire. Il y consacre un descriptif étayé sur la porte et le seuil, dont voici une bribe :« Les portes sont les expressions les plus élaborées et les plus explicites du contrôle. Elles reflètent ou proclament l'importance du contenu de l'édifice. [ ]  Une porte fermée signifie la stérilité ; s’asseoir sur le seuil, c’est empêcher le soleil de rentrer, c'est barrer l'entrée du bonheur et de la fertilité. [ ] l’atba (le seuil) la devance, servant à marquer le changement d'espace, mais également de statut. En revanche, le seuil peut signifier le contrat que l'on passe avec les forces de l'Invisible, également appelées Ahl-ad-Dār (litt, « Les Occupants de la Maison ». En effet, il est d’usage de se servir de certaines formules coraniques en guise de talismans comme c’est le cas d’el Basmala (Bis mi Allah , el Rahman et Rahim). Cette formule est le prélude des versets coraniques dans la culture islamique, ainsi que pour certains actes du quotidien tel que manger, faire ses ablutions.  Les portes d’antan, souvent arborés de sqifat, sortes d’antichambres assurant ainsi la fonction de balise et filtre, elles trouvent leur sens dans les représentations énoncées par Mustapha Ameur Djeradi. La configuration sociale étant basée sur une composition polynucléaire, c’est-à-dire que le foyer est composé de plusieurs familles et parents, ce qui induit un certain comportement. Accéder à la sqifa, pour ce qui est des hommes du foyer, puis s’annoncer en toussotant, est une imagerie qui nous évoque les vieilles maisons de la Casbah d’Alger.   Les représentations d’un groupe social donné, influent directement sur son habitat et architecture. Les maisons obéissent à des logiques et les seuils ne dérogent pas à cette règle. Cet entre-deux. Deux mondes. Deux états. Exprime la complexité. Le génie surtout. Trop de points, à revoir   Leila Assas Sources : DJERADI Mustapha Ameur, 2012-2013, L’architecture ksourienne (Algérie) entre signes et signifiants (The architecture of ksour (Algeria) between signs and signifiers) vernaculaire, tome 36-37. 

  • BACHMINSKI Janusz et GRANDET Denis, Éléments d'architecture et d'urbanisme traditionnels, Université des sciences et de la technologie d’Oran, 1985, 84 p.
  • DJERADI Mustapha Ameur, Les Gûbba-t des monts des ksour entre le temporel et le spirituel, Magister, UST Oran, 2002, 328 p.
  • BASSET André, « Les ksours berbérophones du Gourara », in Revue africaine, t. LXXXI, n° 3 & 4, 1937
  • https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/le-dernier-souffle-de-la-casbah-d-alger-1489313090
  • Répartition et gestion sexuées de l'espace : exemple de la Casbah d'Alger avant l'Indépendance . Résumé de l'article « La Casbah : une cité en reste » de Djaffar Lesbet, in Le déchet, le rebut, le rien, sous la direction de Jean-Claude Beaune, 1999.

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