19 Apr

Mohamed Boudia, l’algérien qui tourmenta le MossadDramaturge, homme de lettre, nationaliste et militant FLN,Mohamed Boudia a vécu sa vie comme dans un roman noir. Membre actif au sein de la plus importante organisation clandestine de lutte contre l’oppresseur israélien en terre de Palestine, il périt par la main du Mossad, les services secrets israélien. Du FLN à Septembre noirMohaned Boudia a joué un rôle prédominant au sein du FLN. Il était en charge de collecter des fonds pour le compte de la Fédération du FLN de France. Son fait d’armes qui a contribué à bâtir sa renommée fut l’opération Maurepiane, un attentat ciblant un important dépôt pétrolier en 1956. Ainsi, il fait partie des pionniers qui déplacèrent les affrontements en Métropole. Une particularité bien algérienne. Incarcéré en 1958, c’est en prison qu’il entreprit la rédaction de deux œuvres l’Olivier et Naissance. Ses années d’incarcération se soldèrent par une évasion spectaculaire.A l’indépendance, en 1963, il crée avec son acolyte Mustapha Kateb, le Théâtre National Algérien, le TNA, une entreprise qui selon sa vision ne doit pas être dissocier de la politique et le militantisme. L’art comme vecteur d’éducation politique, en voilà, un leitmotiv qui marqua son parcours artistique. En 1965, il s’exile en France où il rejoint le théâtre Ouest parisien en tant qu’administrateur et se lie d’amitié avec les membres du réseau palestinien du Fatah et prend part à sa faction armée Septembre noir, en référence aux évènements de septembre 1970, donnant lieu à un conflit qui opposa Yasser Arafat, leader de l’Organisation de la libération de la Palestine (OLP), et le roi Hussein de Jordanie. « Ce militant a une place de choix dans le cœur des Palestiniens », souligne Hocine Abdelkhalek, ancien ambassadeur de Palestine à Alger. Boudia devient en ce sens, un atout majeur au sein de l’organisation, et ce, de par son expérience algérienne sur le terrain. Homme de liaison entre Paris et les autres groupes, il usurpa plusieurs identités, il fut Bertin Roland, Boyer Maurice André, Ben Ahmed Said, Abu Khalil, et tant d’autres. Munich 1972 Le mode opératoire de l’organisation Septembre Noir ne diffère pas moins des stratégies du FLN en France. Une lutte armée mais clandestine visant à affaiblir les moyens économiques des opposants. Ainsi, Boudia et ses frères d’armes ciblent un dépôt de carburant israélien aux Pays-Bas, et détruisent un pipeline de liaison entre l’Autriche et l’Italie. Les pertes sont colossales. Connu des agents du Mossad, pour plusieurs faits d’armes, Boudia gène, et devient « Un ennemie à abattre ». C’est sa participation à l’organisation de la prise d’otages de Munich qui scella son destin. En 1972, les Jeux olympiques de Munich sont marqués par une prise d’otages d’athlètes israéliens qui se solde par leur exécution. Par la suite,l’ordre d’abattre Boudia est émis par le Premier ministre israélien, Golda Meir, ainsi que Wadie Haddad, Mahmoud Hamchari, Khalil al-Wazir (Abou Djihad) et Kamal Adouan. Le 28 juin 1973, et après avoir échappé à plusieurs tentatives d’assassinats, ce fut la fois de trop. Sa voiture piégée explose à 32 rue des Fosses, Paris. Un attentat non revendiqué, ce n’est que quelques années plus tard, que l’ex agent du Mossad, Victor Ostrovsky, en révèle les détails dans un ouvrage biographique. Quelques années plus tard, les évènements de Munich sont relatés par Spielberg, dans un film éponyme qui donna « une épaisseur romanesque » au groupe armée de Septembre noir. Reproche-t-on à son réalisateur. Il est à noter que les actions initier par l’organisation de Septembre noir contribuent à rendre la palestinienne surmédiatisée et le keffier, cette étoffe noir et blanche, devint un symbole de lutte de toute une génération. Les contours d’une lutte internationale qui fédère les anti-impérialistes de tous horizons, se dessine. Cependant, en Algérie, ce pays où la cause Palestine génère des élans de solidarités, Boudia, reste un grand absent des manuels. Cet atome libre, cet utopiste et révolutionnaire dans l’âmes, est peu connu des jeunes générations. « Il demeure un symbole de défi du temps de l'époque coloniale en Algérie aux luttes révolutionnaires à travers les cinq continents » dixit Mohamed Karim Assouane. 


 Leila Assas Sources : 


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 Adlène Meddi, Il y a 45 ans, le Mossad assassinait l’Algérien aux « cent visages » https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/il-y-45-ans-le-mossad-assassinait-l-alg-rien-au-cent-visages-742458292 David CASTEL, Munich, 5 septembre 1972 Un sujet explosif Arezki Metref, Œuvres. Écrits politiques, théâtre, poésie et nouvelles, Le monde diplomatique, juin 2018

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