Maxime-Charles Keller de Schleitheim, un algérien pupille de l’état colonial français Il n’est point colonisation, il n’est point guerre sans victimes. Celle de l’Algérie, dans son combat pour acquérir son indépendance, a laissé beaucoup de questions en suspens notamment la question des enfants, certains nés de viols ou victimes de rapts. L’histoire de Maxime-Charles Keller de Schleitheim est bien singulière dans son dénouement. L’Enfant soldat de Palestro, un soldat et un harki malgré lui… Un harki malgré lui La tragédie de l’enfant Maxime commence en l’an 1956, dans le village de Lakhdaria ( Palestro) à l’est d’Alger. Zone de repli de l’armée de libération nationale, le village a été la scène de crime des soldats français. Touché par les ratissages, un des douars de Lakhadria, Ouled Djerrah fut rasé et le seul survivant, un enfant présumé, de 3 ou 4 ans. L’enfant est transféré á la base de l’Air de Réghaïa où il sera élevé sous le nom de Maxime. Maxime devint pupille de la nation, un statut octroyé aux enfants dont les parents sont morts pour la France, il est á noter que les pupilles de la nation se sont vus souvent refusés la nationalité française après l’indépendance, un sort qui ne diffère pas de celui des harkis adultes. La garde de l’enfant est dès lors confiée á Yvonne Keller de Schleitheim, l’assistante sociale de la base qui l’adoptera officiellement le 28 décembre 1959, et sera rebaptisé par l’aumônier miliaire le père Lepoutre, il devint le protégé du général Alain Dumesnil de Maricourt et le lieutenant- colonel Coulet et vivra dans la base militaire, sera affecté aux tâches subalternes et sera en ce sens, le plus jeune soldat français, il aura même droit a son uniforme. Un accoutrement qui interpelle vu son âge. A l’indépendance, en 1962, l’enfant quitte l’Algérie pour Paris mais sera vite abandonné par sa mère. Il garde encore les traumatismes liés à sa cruauté, Ainsi, sa mère d’adoption à contribuer á embraser ses frustrations et sa quête d’origines et l’apostrophait sans cesse sur ses origines. Il n’eut pas droit à la discrétion d’une mère de substitution envers son enfant. Indépendant, il s’installe à Bordeaux où il vit encore et entamera sa quête de vérité, un combat mené aux côtés de son épouse et l’ensemble des membres de sa famille. « L’armée française est restée sourde à toutes nos demandes d’éclaircissements. Mes parents auront passé plus de quarante années de leur vie à chercher des réponses à leurs questions. [] il est impossible d’oublier et c’est même un devoir de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé durant cette guerre, ne serait-ce que pour honorer les morts. », confie sa fille. En effet, le mutisme dont il est victime, l’affecta d’autant plus, que plusieurs données ont été falsifiées par le service de la base de Reghia. Un seul perlera, en 2011, il s’agit du soldat qui le sauva littéralement de la cruauté d’un sanguinaire voulant lui réserver le même sort que les villageois de Ouled Djerrah. Brisant le silence, ce dernier rend compte des évènements qui ont précédés l’installation du petit Maxime à la base militaire, mais subsiste encore, des zones d’ombres relatives à ses origines. Leila Assas Source