27 Jul
27Jul

L’Algérie a célèbré ce 5 juillet, ses 60 ans d’indépendance. L’occasion pour Music in Africa de vous faire découvrir une sélection de 9 chants patriotiques qui ont façonné l’imaginaire collectif algérien. Des chants en arabe classique (langue officielle de l’état), en darja ou encore en tamazight. Bonne fête à nos lecteurs algériens et « One, two, three, viva l’Algérie ! »


« Kassaman » (Nous jurons)

Sans doute le plus emblématique et symbolique des chants patriotiques algériens jamais écrits. Adopté officiellement comme l’hymne national du pays en 1963. Beaucoup de légendes urbaines gravitent autour de ce texte et l’on dit que l’auteur l’avait écrit avec son sang durant son incarcération dans les geôles de l’Algérie française. En réalité, il s’agit d’une commande du Front de Libération National qui date de 1955, adressée au militant nationaliste et poète Mufdi Zakaria. La composition musicale est confiée à plusieurs protagonistes et c’est la version du compositeur égyptien Mohamed Fawzi qui a été retenue. De cet auteur mort en exil, les jeunes Algériens ne connaissent que peu de choses, hormis cet hymne qu’un écolier entonne en moyenne 2160 fois durant sa scolarité.


Oued Chouly (Le fleuve Chouly)

Le chant populaire « Oued Chouly » déclamé en darja (langue véhiculaire du pays) rend hommage à Raïs Benallel, un héros national tombé au champ de bataille d’Oued Chouly en décembre 1956 à Tlemcen (l’ouest de l’Algérie). C’est grâce à la mama du raï, la Cheikha Rimitti que ce chant régional traverse bien des lieux et des générations. Il sera réédité en 2008, en France par le groupe français aux origines éclectiques Watcha clan.  autoplay:0]


« Min Jibalina » (De nos montagnes)

« Min jibalina » est un poème en arabe classique écrit en 1931 par le poète Mohamed El Aïd Al khalifa. Ce texte de l’avant-garde nationaliste devient l’hymne des Scouts Musulmans Algériens qui composèrent sa musique en 1942, contribuant ainsi à forger la fibre patriotique des jeunes militants. Au lendemain des Massacres du 8 mai 1945, il devient sans conteste le plus important du répertoire nationaliste de l’époque. Durant la guerre 54-62, il fera partie de la sélection du vinyle Fighting Songs of the Algerian Rebels, édité par Westminster labels, New York 1958. 


« Ekker a mmis umazigh » (Debout fils d’amazigh)

Ce chant patriotique et identitaire a été écrit en kabyle (dialecte tamazigh) en 1945 par le militant nationaliste Mohand Idir Aït Amrane, alors qu’il n’était que jeune lycéen.« [le chant] qui allait désormais accompagner pour nous le fulgurant « Min Djibalina » en arabe, son frère jumeau complémentaire et inséparable » témoigne Sadek Hadjerès, ami de longue date et frère de combat de Aït Amrane, qui assista à la genèse du chant. De sa prolifique production littéraire et académique post indépendance, « Ekker a mmis umazigh » est le plus puissant texte jamais écrit par Aït Amrane.


« Al hamdoulilah mabqach istimar di bladna »( (Louange à Dieu, le colonialisme n’existe plus dans notre pays)

Un texte majeur du chaabi algérien (registre musical populaire), écrit et interprété la première fois par Hadj M’hamed El Anka, le 3 juillet 1962, le soir de la reconnaissance officielle de l’indépendance de l’Algérie. El Anka, le « Cardinal » comme aime le surnommer ses adeptes, a su galvaniser la foule à la célèbre placette du 2e ex-rue Marengo. Le soir du 5 juillet, date officielle de l’indépendance de l’Algérie, le chant est diffusé à la radio à 00h05. La messe est dite « Longue Vie à l’Algérie libre et à sa jeunesse / Longue vie à l’Algérie libre, à ses hommes et à ses femmes ».


« S’hab el baroud » ( (Les Compagnons de la poudre)

« S’hab el baroud » est un poème contestataire subversif écrit en 1931 par Houari Hennani, un barde de l’Oranie (ouest algérien). Ce texte arrive dans un contexte où la France célèbre son centenaire en Algérie avec son ostentatoire exposition coloniale, marquant ainsi les esprits et se voulant triomphante des insurrections et révoltes. Le poème tomba comme une piqure de rappel. Si le texte originel fut altéré au fil des reprises par les raïmen*, il n’en demeure pas moins poignant et émouvant.


« Hayou chamal  Ifriqi » ( Saluez le Nord Afrique)

Le chant « Hayou chamal  Ifriqi » fait référence au parti politique socialiste Etoile Nord-Africaine dissout en 1937, qui se reforme sous l’appellation Parti du Peuple Algérien (PPA). Écrit en 1945 suite aux Massacres du 8 mai de la même année, le chant est un appel à la jeunesse à se fédérer autour du parti et son charismatique leader Messali el Hadj, père du nationalisme algérien et premier à avoir revendiqué l’indépendance du pays. 


« Min adjlika ya  watani » (Pour toi ô mon pays)

« Min adjlika ya  watani » (Pour toi ô mon pays) est une opérette nationaliste post-indépendance écrite en 1982 par Omar Bernaoui, un homme de lettres et figure du panarabisme. La musique est composée par le chef d’orchestre Chérif Kortbi. Le texte fait apologie de l’Armée de Libération Nationale (ALN) et de son parti. 


« Yal menfi » (Le Banni)

« Yal menfi » d'Akli Yahyaten est une chanson qui a été composée en 1959 en prison ; il serait inspiré d’un ancien chant kabyle qui fait référence aux déportés en Nouvelle-Calédonie suite à la Révolte de Mokrani (1871). C’est la complainte d’un exilé qui s’adresse à sa mère : « Dites à ma mère de ne pas pleurer ». Le chant est devenu célèbre grâce à la reprise de rockeur algérien Rachid Taha.

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