21 Apr
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Timbuktu (Tombouctou) est une commune du Mali située sur le fleuve du Niger. Pendant la période médiévale, elle fut une cité prospère orientée vers l’érudition et les sciences islamiques.  

Ce contexte d’émergence donna naissance à de nombreux savants et lui valut son surnom de « Ville des 333 saints » dont Ahmad Baba  El-Sudani :  un prestigieux lettré et mystique qui joua un rôle important dans la vie politique du Sahel au XV ° siècle.

 

Le Philosophe humaniste 

Petit fils de Ahmad Ibn Umar Aqit, imminent savant malien, Ahmad Baba naquit et grandit dans un milieu aisé et lettré. Ce natif de Timbouctou qui a vu le jour le 26 octobre 1556 versa très jeune dans les sciences islamiques et s’intéressa à des questions telles que l’éducation, la démocratie, l’esclavagisme et la traite négrière. Son manuscrit "Miraj al-suud ila nayl hukm mqilad al sud ou alkashf wa– l-bayan liansaf majlubi l-Sudan, (Echelle pour s’élever à la condition juridique des soudaniens réduits en esclavage)" pose la problématique de la suprématie de la race blanche en terre d’Islam. Le philosophe malien Ahmadou Touré lui consacra une thèse intitulée, « L’héritage intellectuel d’Ahmad Baba Es-Sudani de Tombouctou, sa doctrine» où il revient sur la dimension philosophique de sa pensée et met en exergue « le rapport entre l’intention et l’acte, entre le savoir et le pouvoir ou entre la foi et la Science ».  

manusEn l’an 1591, l’armée du sultan marocain Mouley Ahmed al-Mansour envahit le nord du Mali qui se trouve dès lors, sous la domination du Royaume Songhey, principal concurrent et rempart à la convoitise des principautés venues du nord de l’Afrique. L’or et le sel du Sahel furent les principaux motifs de l’invasion.  Le général marocain Zarqun se heurta à l’éloquence et à la farouche résistance de Ahmad Baba El-Sudani qui s’appuyant sur la jurisprudence, déclara l’invasion marocaine non légitime car le pays fut islamisé depuis le huitième siècle. Ainsi, la dimension de « foutahat islamya » perdit son sens en ce contexte et son invocation devint obsolète.  Contraint à l’exil au Maroc, bon nombre de savants marocains contestèrent cet acte. Il y demeura jusqu’en 1607. De retour à Timbouctou, il se consacra à l’enseignement et mourut le 22 avril 1627. 

Méconnu des africains pendant des siècles, des copies de ses manuscrits furent signalées au Soudan, Nigeria, Algérie, Tunisie et Maroc. Sa réhabilitation officielle se fait lors de l’inauguration de l’Institut des Hautes Études et des Recherches Islamiques Ahmad Baba en 2009. Les manuscrits de l’institut sont un héritage commun de l’humanité qu’il convient de protéger en ses temps troubles et à l’aune de la crise sécuritaire au Sahel. 

 

Leila Assas    

 

Sources : 

  1. Ahmoud A. Zouber, Ahmad Baba de Tombouctou ( 1556- 1627),Sa vie et son Œuvre, G-P, Maison neuve et Larose, Paris,1977 
  2. Ahmadou Touré, L’héritage intellectuel d’Ahmad Baba Es-Sudani de Tombouctou, sa doctrine» , Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines, Université de Bamako, 2008.  
  3. Images 1 : Mali M- 2904 Desjeux / Images 2  :folukeifejola.wordpress.com     ﷟HYPERLINK « https://www.google.dz/url?sa=i&rct=j&q=&esrc=s&source=images&cd=&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwiog56d8ozXAhVIWCYKHXhdD4UQjB0IBg&url=https%3A%2F%2Ffolukeifejola.wordpress.com%2F2017%2F02%2F19%2Ftimbuktu-site-of-1st-african-university%2F&psig=AOvVaw33fk8HmDCHWASODnfBWvBy&ust=1509058864293351


Initialement publié sur Babzman 



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