06 Apr
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D’un parfum prononcé et musqué, l’ambre gris (anbar) est l’allié de choix des femmes d’Afrique du nord. Il est mentionné par plusieurs chroniqueurs, dont Ibn al Baïtar ( XIIe-XIIIe siècles), lequel atteste de sa renommé et de son usage; notamment sous forme de collier appelé Es-skheb. Ce dernier est réputé pour ses vertus thérapeutiques et son pouvoir aphrodisiaque.  


Une affaire de femmes

Es-skheb est un collier confectionné par les  femmes et pour les femmes. Il est très prisé en Tunisie et en Algérie, principalement chez les aurésiennes, les soufiennes, et les mozabites; et se décline sous forme d’un sautoir et d’un baudrier très long de plusieurs rangées superposées fait en pâte odoriférante, à base d’ambre gris auquel on additionne divers  produits et dont la recette diffère d’une région à une autre. Il est préparé à l’aide d’une pâte constituée de de clou de girofle, de nard, de safran, ainsi que de patchouli, benjoin et eau de rose. On laisse sécher ce mélange plus de quarante jours.

Le collier du skheb dispose de perles d’ambre en forme de croissant à trois pointes à Tunis, quant aux Aurès, il y est orné de motifs en argent tel que l’emblématique pendentif «  khamssa » des Aurès ainsi que de fragments de corail. À Touggourt, il est décoré avec des  perles baroques alors que les constantinoises aiment le porter avec une « meskia », pendentif sous forme de losange. On attribue, à cet incontournable du trousseau de la future mariée, des vertus tonifiantes pour les sens qui se libèrent en le frottant ou le chauffant. Son port induit un jeu de séduction non verbal. « [ ] Les bijoux ont aussi leur force d’expression et d’information pas uniquement dans leur aspect esthétique mais encore davantage dans ce qu’ils portent comme informations sur bien entendu les secrets que déguise l’aspect sociologique et comportemental d’une Communauté. » Précise  Safia Kacimi qui met, ainsi en exergue, la fonction communicative et symbolique du bijou.   

Les propriétés thérapeutiques de l’ambre gris est fait notoire et cela chez plusieurs sociétés. Le décliner en bijou permet de joindre l’utile à l’agréable. Ainsi, nos bijoux ont du sens et relatent  le rapport des femmes à leurs corps qu’elles mettent en valeurs via une communication non verbale, à l’image de l’apparat.


Leila Assas

 

Bibliographie :  

  • H. Camps-Fabrer, « Ambre », in Gabriel Camps (dir.), 4 | Alger – Amzwar, Aix-en-Provence, Edisud (« Volumes », no 4) , 1986 [En ligne], mis en ligne le 01 décembre 2012, consulté le 02 février 2017. 
  •  URL : https://encyclopedieberbere.revues.org/2468    

Initialement publié sur Babzman  

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