19 May
19May

Le territoire touareg déborde sur plus de cinq pays, dont l’Algérie; reliant ainsi, le nord Afrique au Sahel. Ces territoires sont structurés en confédérations, englobant des tribus et factions qui obéissent à un système de caste   hiérarchisé. L’organisation du pouvoir demeure axé  sur un   modèle lignager, dont  L’aménokal est le chef symbolique.  

 

 Oligarchie  tribale et enjeux moderne 

La structure oligarchique touareg demeure en vigueur et ce, malgré les mutations qu’a connues le territoire. A cheval, sur plusieurs pays, ce peuple, dit sans frontières tangibles, s’affranchit du concept de  «Etats Nations» et tend vers un découpage historique de régions  fédérées par des dénominateurs communs comme la langue, l’Histoire ou encore la cosmogonie. Citons l’Adrar Ifoghas (Mali), le Hoggar et le Tassili n’Ajjer (Algérie), le Aïr (Niger),  et Tibesti (Lybie-Tchad).  

A la tête de chaque confédération, se trouve un chef appelé l’aménokal. Il est choisi parmi la caste des imuhar, et selon des règles d’hérédités utérines, c’est-à-dire, le pouvoir est légué selon une lignée matriarcale : le fils ainé de la sœur ainée. Parmi les aménokals de renoms, nous citons : Guemama ag Sidi (1790-1830), Moussa ag Budal (1840-1875 ,Azawagh), Attici ag Amellal (1900-1905 -Ahaggar) , Attaher ag Illi  (1913-1914- Ifoghas).  

Chef de guerre et porte-parole de sa confédération, il est élu par les anciens lors d’une assemblée présidée par le  « amghar » (conseiller), où sont conviés les représentants des castes nobles.  Il est le détenteur du «  t’bal », le tambour du pouvoir. Un symbole royal, qui sera déposé dans sa tente dés son élection. Attilio Gaudio, spécialiste des sociétés sahariennes, décrit la tente de l’amenokal comme étant sobre mais spacieuse. Pourvue d’objets d’ornements et ustensiles utilitaires comme des mortiers, des pillons ainsi que de grandes réserves de céréales et un conséquent cheptel camelin.  

 Dans l’un de ses comptes rendus, le commandant Chapelle, s’exprime comme suit : « L’aménokal est chargé de la direction générale des affaires, des relations extérieures, de la défense, de la conduite de la guerre. Son autorité, sans être systématiquement combattue, est toujours contrebalancée  par les nobles qui se considèrent comme ses égaux.»  Il met ainsi, en exergue la barrière entre pouvoir symbolique et exécutif,  comme il est le cas dans le contexte colonial où son pouvoir se trouve doublement jalonné, à la fois par ses conseillers, et ce comme le veut la tradition et par les autorités française. L’ aménokal de l’Ahagar, Moussa Ag Amestane, si l’on se réfère  au témoignage d’Henri Lhote, est décrit tel un allié  qui  aurait joué un rôle dans la conquête du colonel Laperrine,(1904). Il conserva son titre par l’appui  colonial. 

De nos jours, il cesse d’être souverain à la tête d’un régime séculaire dans une aire régit par des lois républicaines. Feu Hadj Moussa Akhamoukh, aménokal de l’Ahggar (1975-2005 ) a concilié entre ces deux entités de pouvoir en siégeant à l’APN. Son successeur, Ahmed Ag Ibadir revient quant à lui, sur la marginalisation de cette oligarchie ancestrale  au sein de la sphère politique algérienne.  

 Leila Assas  

 

Bibliographie : 

  • HENRI LHOTE, Un aperçu sur le Hoggar – Chargé de mission du Muséum. 
  • Commandant CHAPELLE de l’Infanterie coloniale ( Compte rendu), parru dans la revue Tropique, n° 308 -mars 1949,© FNAOM-ACTDM / CNT 
  • Erik Guignard, d’apres les  notes prises avec Germaine Tillion lors de ses missions scientifiques en pays touareg de 1962 à 1973 
  • https://www.liberte-algerie.com/actualite/les-touareg-en-colere-287727
  • Image : Moussa Ag Amstane, archive coloniaux  

Initialement publié sur Babzman

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