18 May
18May

Les Gétules font partie de la grande famille des berbères qui forment, avec les Numides, Maures et Garamantes, un ensemble auquel l’on attribue les premiers peuplements de l’Afrique du nord. Le terme Gétule renvoie tantôt à une peuplade, tantôt à un mode de vie les distinguant des libyens* du nord selon Hérodote. la définition demeure imprécise et sujet à controverse. 


Les Gétules entrent dans l’histoire  

Les Gétules sont mentionnés pour la première fois dans les chroniques puniques par l’historien de la Rome antique, Tite-Live. Enrôlés dans l’armée d’Hannibal durant la Seconde Guerre punique (IIIe siècle Av J- C), ils sont décrits comme de redoutables guerriers. Durant la période romaine, ils sont signalés en Mauritanie Tingitane (Maroc), en Numidie (nord de l’Algérie) et au sud de la Berbèrie occidentale (Lybie). Ils sont tantôt perçus comme étant une confédération à part entière, tantôt assimilés aux Garamantes, une autre confédération berbère avec laquelle ils partagent des traits communs, à savoir, le nomadisme au-delà des Limes* romains.  

« [  ]Ces cavaliers Gétules, pasteurs et nomades, héritiers des éleveurs de bovins du Néolithique final et prédécesseurs des chameliers, ces cavaliers nomades avaient déjà appris à remonter tous les étés vers les pâturages septentrionaux. » explique le spécialiste de la protohistoire berbère, Gabriel Camps, qui s’oppose à la représentation binaire : nomades versus sédentaires et met en exergue les prouesses de ces bâtisseurs de fortifications, de sites funéraires et d’autels. Pline l'Ancien en énumère trois familles : dariens (en référence à Draa), baninures et autololes . Un important métissage avec des populations du Sahara méridional, au-delà des limites du Haut Atlas, l’Atlas saharien et les Aurès vers l’actuel Niger et le Mali donna naissance aux mélano-gétules, appelé également les  éthiopiens ou Aethtopes, terme fréquemment employé par les historiens romains de l’antiquité pour désigner les populations du  sud de la Numidie, voisin des Mazices. Les deux sont repartis en fonction de l’élément anthropologique, dit mélano, c’est-à-dire basé sur la couleur de peau.  

Rappelons que le terme « éthiopien » ne désignait pas uniquement les habitants de l’Abyssinie (Éthiopie) mais littéralement « ceux aux visages brulés », à ce propos, Camps dit ceci «  [ ] dans l’Antiquité, le Sahara septentrional était déjà un désert parcouru à l’ouest par des Gétules et à l’Est par des Libyens nomades (Mazices) qui furent parfois également appelés Gétules [ ] ". Ces peuples contrôlaient les oasis, déjà décrites au V ème siècle avant notre ère par Hérodote, où des populations mélanodermes, les Ethiopiens, cultivaient les palmiers et le blé tendre." S’appuyant sur les propos du navigateur Scylax, IV ème siècle av. J.C.,  Camps évoque les Gétules comme les éthiopiens occidentaux . 

Les Gélules sont considérés comme étant les ancêtres des Zénètes du Gourara (sud-ouest algérien), une thèse soutenue par le chercheur Rachid Bellil. Plusieurs tribus connues s’apparentent aux Zénètes, citons parmi les plus illustres noms, ceux de  Dyhia, Tarik Ibn Ziad et Tacfarinas.  

 Leila Assas 


Bibliographie : 

  1. Gabriel Camps – collection Encyclopédie de la Méditerranée – Éd. Alif, les éditions de la Méditerranée Tunis, 1992
  2. DJEKRIF Yasmina Conservatrice de la Bibliothèque de l’Ecole Normale Supérieure de Constantine
  3. Maya Shatzmiller, « Le mythe d’origine berbère (aspects historiques et sociaux) », dans Revue de l’Occident musulman et de la Mediterranee, 1983, vol. 35,
  4. Mahfoud Ferroukhi ,les Aguellids des Imazighen (du 3eme siècle avant J.-C. au 1er siècle après J.-C.)
  5. TITE-LIVE, Histoire romaine, XXIV – XLIII, trad. A. Flobert, Paris, 1978.
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Initialement publié sur www.babzman.com

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