El Goual est un substantif en darja issu de l’arabe, signifiant littéralement « celui qui dit ». Le terme représente à la fois un personnage ainsi qu’une fonction, et son usage demeure propre aux régions à influence bédouine.
El Goual est un conteur populaire rattaché à la geste hilalienne (chansons et contes de transmission orale), il fait son apparition avec l’arrivée de la tribu nomade des Banou Hilal بنو هلال , venue de la péninsule Arabe vers la Maghreb au XI e siècle. Cette épopée est connue sous l’appellation « El Taghriba » c’est-à-dire : La ruée vers l’Ouest.
El Goual relate les prouesses du héro arabo-musulman dans les endroits à large diffusion : places publiques, lieux de culte, marchés hebdomadaires. Il déclame, à l’aide d’un manuscrit, son récit philosophique de manière attrayante et emphatique, et qui peut également faire à l’occasion office de dépêche. "Il sollicite l’imaginaire du spectateur, de sorte que chacun peut faire sa propre représentation" explique Mahieddine, Bachetarzi dans son ouvrage Mémoires 1919-1939, Ed/Sned, 1968.
La tradition du goual est ancrée dans une réalité sociale et politique, car il incarne l’esprit qui veille sur « la cohésion tribale » appelée par Ibn Khaldoun « Al assabia ». Il « exagère à outrance les parties de son récit qui provoque l’étonnement et l’exaltation de ses auditeurs, et le ponctue de versets coraniques et de Hadith. »
L'attribution des récits épiques à des historiens renommés et l'utilisation d'expressions arabes sont des stratégies narratives utilisées par El Goual pour conférer crédibilité et authenticité à ses récits, renforçant ainsi leur impact culturel et leur pouvoir de fascination sur le public.
Leila Assas
Sources :
Lamia BEREKSI, Le théâtre et l’apport du goual Université Paris XII
Bachetarzi Mahieddine, Mémoires 1919-1939, Ed/Sned, 1968.
Kateb Yacine, un théâtre en trois langues, Ed/ Du seuil, 2003
Illustration : El Goual, site http://www.algermiliana.com/pages/miliana/miliana-nostalgie-et-souvenirs/scenes-et-types/el-goual.html
Initialement publié sur Babzman - version revisée